Le Chemin de Joie, composée de treize mosaïques commanditées par diverses instances de l’Église catholique romaine à Genève (ECR), s’est vu entaché à la suite des accusations portées à l’égard de Marko Rupnik. Directeur du Centre Aletti à l’époque où la réalisation des mosaïques du Chemin de Joie lui a été confiée. Cet ancien jésuite, renvoyé par la congrégation en juillet 2023 est accusé par des femmes d’abus d’ordre sexuel, spirituel et psychologique.
Alors que pour l’heure les faits ne sont pas entièrement établis, ces dénonciations, jugées crédibles par les jésuites, ont généré un profond bouleversement et de multiples questions sur le futur du Chemin de Joie.
Quel regard porter sur les mosaïques de ce parcours artistique dans ce nouveau contexte ? Son message de joie et d’espérance est-il toujours perceptible ? L’émerveillement s’opère-t-il encore ?
Plus globalement, la moralité d’une œuvre (c’est-à-dire sa capacité à servir le bien, le beau et le vrai) est-elle remise en cause lorsque celle de son artiste est douteuse ?
Face à ces interrogations, un groupe de réflexion s’est constitué en mai 2023 pour se pencher sur le devenir des œuvres du Chemin de Joie et les éventuelles mesures à prendre.
Le groupe, composé d’une dizaine de personnes aux compétences et profils variés1, a consulté de nombreux acteurs qui se sont investis dans la réalisation de ce parcours artistique de Résurrection (paroissiens, agents pastoraux de l’ECR, coréalisateurs des mosaïque – notamment les artistes d’un atelier solidaire au Pérou, mécènes, etc.), ainsi que des experts en différents domaines et une association de soutien aux victimes d’abus dans le contexte ecclésial.
Ne pas cacher la lumière des mosaïques…
Au terme d’une première phase de réflexion, le groupe s’est prononcé pour le maintien des mosaïques du Chemin de Joie, en considération des avis et des témoignages reçus, en très grande majorité favorables à la sauvegarde de ce parcours artistique et spirituel et dans un souci de respect des très nombreuses personnes qui ont conçu et financé le projet et contribué à sa réalisation, dont les artistes d’un atelier solidaire au Pérou auteur de cinq des 13 mosaïques. Il s’agit d’une réalisation collective. (Genèse 18, 26 : Le Seigneur déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
Ne pas cacher l’ombre des accusations
Dans une volonté de transparence vis-à-vis du public, le groupe de réflexion a par ailleurs jugé indispensable de communiquer ouvertement sur le débat ouvert pas la mise en cause de Marko Rupnik. À cette fin, il s’est notamment prononcé pour la publication de cette prise de position sur le site du Chemin de Joie. Il encourage à la même démarche les responsables des lieux avec les mosaïques.
Une prise de position évolutive et flexible
Le Groupe est néanmoins conscient qu’il n’y a pas de réponse univoque et définitive aux interrogations soulevées par cette situation. Des questionnements et un sentiment de malaise peuvent demeurer. Pour ces raisons, le Groupe reconnaît qu’il doit être possible pour les responsables des lieux qui accueillent les mosaïques du Chemin de Joie de disposer d’une certaine latitude pour décider d’éventuelles actions, selon leur propre sensibilité. Il se prononce néanmoins contre la destruction des mosaïques et suggère de prendre contact avec le Groupe de réflexion pour chercher des solutions alternatives.
Cette prise de position est évolutive. Le temps est en effet un élément à considérer, car il permet de modifier et ajuster la perspective, de faire la part des choses entre l’affect et la raison et de prendre en compte des faits nouveaux, de nouvelles demandes et la modification des sensibilités.
Vous pouvez vous exprimer en tout temps sur cette prise de position en écrivant à : silvana.bassetti@ecr-ge.ch.
Le groupe remercie toutes les personnes qui ont contribué à ses réflexions.
Genève, mars 2024
2 LES MEMBRES DU GROUPE DE RÉFLEXION :
Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg : Agnès Barotte, représentante de l’évêque pour l’art sacré, Mari Carmen Avila, représentante de l’évêque pour la prévention, Laure-Christine Grandjean, Responsable de la communication du diocèse et chancelière a. i.
Eglise catholique romaine – Genève (ECR) : Federica Cogo, assistante pastorale, Sr. Rossana Aloise, assistante pastorale (Aumônerie de l’Université), Martine Bulliard, responsable de la Pastorale des chemins (catéchèse, catéchuménat et formation – service de l’ECR qui a initié le Chemin de Joie), ses collègues Sébastien Baertschi et Cíntia Dubois-Pèlerin, Danièle et Albert Baumgartner, paroissiens membres du groupe BED (Baptisés en dialogue, qui a proposé de nombreuses initiatives autour du Chemin de Joie) et Silvana Bassetti, responsable de l’Information de l’ECR.